Le Retour de Christ et le Millénium : Une Question de Chronologie

Les évangéliques ne cessent de se couvrir de ridicule.image: nuclear explosion Il ne se passe pas une année sans qu'une catasrophe naturelle ou un événement politique ou social ne déclenche une myriade de pronostics concernant le proche retour de Christ. Maheureusement, depuis un siècle et demi la Parole de Dieu est interprétée à travers la grille du journal quotidien. On cherche toujours ce ou ces événements déclencheurs. On voit des signes précurseurs partout ! Encore, s'il ne s'agissait que de notre réputation, on pourrait dire, « Qu'importe si nous avons l'air ridicule ? » Le problème, malheureusement, c'est que l'Église perd toute crédibilité. Le problème, c'est que les mauvaises croyances déshonorent notre Seigneur Jésus-Christ, le Chef de l'Eglise.

Il faut reconnaître que beaucoup de croyants évangéliques sont franchement dans la confusion par rapport à ce que Dieu a prévu pour la fin des temps. « Quand est-ce que Christ revient, avant ou après le millénium ? Qu'est-ce que le millénium, d'ailleurs ? Quand aura lieu le grand Jugement ? Avant ou après le millénium ? Et la résurrection générale ? Y en a-t-il une ? Ou y a-t-il un laps de temps entre la résurrection des justes et celle des méchants ? Et qu'en est-il de l'enlèvement ? Où le placer ? Pré-, mi-, post-trib ? Qu'est-ce que c'est d'ailleurs que l'enlèvement ? »

Quand on lit les grandes confessions historiques des baptistes (et des protestants), non seulement parlent-elles d'une seule voix en ce qui concerne l'eschatologie, mais aussi la chronologie qu'elles avancent est plutôt facile à comprendre. Avons-nous acquis une plus grande connaissance de ces doctrines depuis les 16e et 17e siècles ? Ou est-ce possible qu'un système étranger à la Bible soit venu s'imposer sur l'Ecriture, créant une grille interprétative qui déforme les déclarations simples de Jésus et des apôtres ?

Nous commençons une série sur la chronologie biblique du retour de Christ. C'est la clé pour comprendre les autres événements. Du retour de Christ dépendent la résurrection générale et le grand jugement. Mais avant de commencer, nous avons besoin de vous parler de quelques présuppositions et règles d'interprétation. Personne ne s'assied la tête vide devant la Bible. Tout le monde a des présuppositions. Et les chrétiens les plus dangereux sont ceux qui prétendent ne pas en avoir, et qui s'imaginent que leurs interprétations résultent d'une simple lecture de la Bible.

  • •  La Bible est sans erreur et un guide infaillible.
  • •  La Bible est une révélation absolue. Le sens de la révélation divine est fixe et ne varie pas de génération en génération : la révélation divine n'est pas relative.
  • •  L'homme n'est pas le juge de la révélation divine. Seul Dieu est capable de nous diriger dans la vraie interprétation de sa parole. Ainsi nous interprétons l'Écriture par l'Écriture.
  • •  Puisqu'il est impossible que l'Écriture se contredise (Dieu ne ment pas), des passages obscurs doivent être interprétés à la lumière des passages explicites.
  • •  On ne formule pas la doctrine à partir du genre apocalyptique.
  • •  Les sources principales pour l'eschatologie sont les déclarations claires de notre Seigneur (les Évangiles) et les passages didactiques du Nouveau Testament (les Épîtres).
  • Il n'y a rien de nouveau dans ces affirmations. Je ne peux pas prétendre à l'originalité ni à une grande perspicacité. Ce sont des présuppositions fondées sur l'enseignement de la Bible même ou bien des règles qui reconnaissent que Dieu emploie une diversité de genres dans la communication de sa volonté. Le bien-fondé de ces préssuppositions a toujours été reconnu par les théologiens soucieux de comprendre ce que Dieu révèle réellement.

    À la recherche d'un intervalle ...

    Le millénarisme* enseigne que Jésus-Christ revient, ressuscite les fidèles et règne sur terre avec eux pendant mille ans. À la fin de cette période, Christ triomphe sur Satan et ses légions et ressuscite les méchants afin d'exécuter le jugement dernier et d'inaugurer l'état final. Notons bien la chronologie des événements dans le système prémillénariste : la résurrection des croyants a lieu au retour de Jésus-Christ ; la résurrection des incrédules attend la fin du millénium. Est-ce que l'Écriture nous autorise à croire qu'entre le retour de Christ et le jugement dernier (ou l'état final) il s'écoulerait une période de mille ans (ou une longue période quelconque) ? Est-ce que la chronologie biblique admet un intervalle de mille ans entre le retour de Christ et l'état final ?

    Si je peux démontrer que la Bible n'autorise aucun intervalle entre le retour de notre Seigneur Jésus-Christ et l'état final, toutes les autres questions accessoires (concernant l'enlèvement et la Grande Tribulation, pré-, mi-, post-,etc.) deviennent caduques. Si l'état final est inauguré par le retour de Christ, nous devons placer le millénium avant son retour.

    « Or je te confesse bien ce point, que selon la voie qu'ils appellent secte, je sers ainsi le Dieu de mes pères, croyant toutes les choses qui sont écrites dans la Loi et dans les Prophètes. Et ayant espérance en Dieu, que la résurrection des morts, tant des justes que des injustes, laquelle ceux-ci attendent aussi eux-mêmes, arrivera » (Actes 24.14-15 MARTIN).

    La Bible enseigne qu'il y aura une résurrection générale, « tant des justes que des injustes ».

    Le millénariste soulève ici une objection. « Ce passage montre uniquement, dit-il, qu'il y aura une résurrection tant des justes que des injustes. Il ne dit rien par rapport à la chronologie. La résurrection des justes a lieu lors de l'enlèvement [ou à la fin de la grande tribulation pour les millénaristes historiques], la résurrection des injustes attendant mille (ou mille sept) ans, c'est-à-dire la fin du millénium. »

    Paul parle d'une résurrection et non pas des résurrections. Mais, soit. Passons. Qu'en est-il des autres passages ?

    « Ne soyez point étonnés de cela : car l'heure viendra, en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix. Et ils sortiront, savoir ceux qui auront bien fait, en résurrection de vie ; et ceux qui auront mal fait, en résurrection de condamnation » (Jean 5.28-29 MARTIN).

    Lorsqu'on réfléchit aux paroles de Jésus-Christ, force est de constater que Jésus lui-même n'admet pas d'intervalle entre les résurrections. Elles sont, pour ainsi dire, les deux faces d'une même pièce.

    Il est tout simplement impossible de faire entrer le système prémillénariste dans la chronologie que Jésus nous donne. Considérons bien les termes qu'emploie Jésus : « l'heure viendra, en laquelle tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix. Et ils sortiront, savoir ceux qui auront bien fait, en résurrection de vie ; et ceux qui auront mal fait, en résurrection de condamnation. » C'est « une heure » et non pas « des moments » ou « deux heures différentes ».

    La signification de ce passage ? Il n'y a aucun moyen d'insérer un intervalle de mille ans entre la résurrection de vie dont jouissent les justes et la résurrection de condamnation que les injustes subissent.

    A lui seul, ce passage semblerait anéantir tout espoir, toute attente prémillénariste. Qu'il s'agisse du millénarisme classique ou du millénarisme dispensationaliste, le système nécessite un intervalle entre les deux résurrections. Les justes doivent ressusciter afin de régner physiquement mille ans avec Christ pendant que les injustes restent dans les sépulcres, attendant le jugement final. Mais nous insistons, ce n'est pas là la chronologie que Jésus-Christ décrit.

    Quelle est la réponse millénariste à ce passage si clair ? Les seules réponses que j'aie pu entendre resssemblent plutôt à des artifices qu'à des interprétations justifiables.

    On a soutenu, par exemple, qu'il fallait interpréter le terme « heure » comme « une période de temps indéterminée », comme « temps » dans « au temps de Napoléon », par exemple.

    L'autre réponse rejoint celle-ci. Elle consiste à subordonner la description que Christ donne en Jean 5 à une chronologie qu'on trouverait, paraît-il, en Apocalypse 20. Evidemment, ceci enfreint cette règle d'interprétation universellement reconnue et que nous avons citée plus haut. L'Apocalypse est un passage prophétique avec énormément de symbolisme. On ne fonde pas une doctrine sur un seul passage prophétique tout chargé de symbolisme ! D'autant plus qu'il existe presque autant d'opinions divergentes sur l'interprétation d'Apocalypse 20 que de théologiens.

    En réalité les millénaristes ne proposent aucune exégèse satisfaisante. Ils sont obligés de supposer un intervalle qui ne se trouve pas dans la chronologie simple que donne Jésus.

    À suivre ...


    [*]  Les termes «  millénarisme  » et «  prémillénarisme  » désignent la même chose  : la croyance dans un règne terrestre du Messie après son retour. Prémillénarisme est entré dans l'usage, mais avant le 20e siècle il était inconnu. On parlait de millénarisme et des millénaires ou millénaristes. Je préfère le terme millénariste par souci de continuité mais j'emploie les deux termes de façon interchangeable pour illustrer leur unité.